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Wash <wash@ecn.org>
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Date
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Mon, 07 May 2001 22:58:35 +0200
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Subject
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globe_l: Les réfugiés refusent de rentrer en Tchétchénie
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lundi 7 mai 2001, 12h25
Les réfugiés refusent toujours de rentrer en
Tchétchénie
KARABOULAK (Russie), 7 mai (AFP) - L'aide se réduit, les
nouveaux arrivants ne sont plus enregistrés, la tuberculose sévit,
Moscou exerce des pressions mais pour les Tchétchènes réfugiés en
Ingouchie, pas question de retourner chez eux alors que la guerre
continue.
Au camp de Karaboulak, où vivent plus de 5.000 personnes près de la
frontière avec la
Tchétchénie, les réfugiés se bousculent autour d'un camion pour obtenir
leur ration
mensuelle de deux boîtes de lait concentré et deux de corned-beef.
Il y a quelques jours, ils ont reçu 900 grammes de vermicelle et 800
grammes de sarrasin
par personne mais il n'y a plus d'huile, de sucre ou de sel.
Rouslan Djabraïlov, le numéro deux du camp, n'aime pas les
distributions. "Les gens
crient. Une fois j'ai perdu connaissance. Ici je suis devenu
cardiaque", affirme-t-il.
Visiblement las, il sait que la situation ne va pas s'améliorer.
Depuis le 1er mai et sur ordre de Moscou, les ONG n'ont plus le droit
de distribuer de
l'aide dans les camps, qui accueillent 30.000 réfugiés. Au total,
l'Ingouchie (350.000
habitants) accueille quelque 170.000 réfugiés, dont 150.000 enregistrés
officiellement,
selon les Ingouches.
Le chiffre de 150.000 est le dernier disponible car depuis le 1er
avril, les nouveaux
arrivants ne sont plus enregistrés.
Les ONG ont été priées d'aider les réfugiés qui vivent dans des
familles d'accueil ou des
bâtiments désaffectés tandis que les autorités russes ou ingouches
doivent prendre le
relais dans les camps.
"Nous craignons que les réfugiés des camps reçoivent moins de calories
qu'avant", confie
Jean Tissot du Danish Refugee Council.
"Les Ingouches sont sous la pression des Russes pour que les réfugiés
rentrent. Ces
pressions pourraient se transformer en rapatriement forcé",
prévient-il.
Au camp de Karaboulak, les autorités russes ont fait grand cas du
retour en Tchétchénie
de deux groupes de plusieurs dizaines de réfugiés en avril.
"Des gens de Kadyrov - l'administrateur pro-russe de Tchétchénie - sont
venus ici. On a
promis aux réfugiés du travail, un bon pour une chambre, le paradis sur
terre", raconte
Rouslan Djabraïlov.
La rumeur veut que plusieurs de ces familles effrayées par l'insécurité
qui règne en
Tchétchénie soient déjà revenues en Ingouchie. Mais pas question de
réintégrer
Karaboulak où elles ont été rayées des listes.
Dans ce camp de 300 tentes qui a accueilli les premiers réfugiés au
début de l'offensive
russe il y a 19 mois, il n'y a plus de distribution de repas chauds en
raison des retards de
paiement de Moscou, la salle de sports n'existe que sur le papier et la
drogue a fait son
apparition.
Les rares toilettes sont dans un état déplorable, les enfants jouent
dans les flaques et la
plupart des femmes portent des chaussures en caoutchouc en raison du
sol fangeux.
Pourtant aucun réfugié ne souhaite retourner en Tchétchénie malgré
l'ennui et la
promiscuité car la peur est trop forte.
"La guerre n'est pas finie. A Grozny, les gens meurent pour une
appendicite car après
18H00 plus personne n'ose se déplacer. Il n'y a que les Fédéraux russes
qui ont des
droits, dont celui de nous liquider", raconte Amina, une institutrice.
"Je suis retournée à Grozny pour voir mes parents. La nuit on ne
s'approche pas des
fenêtres, on a peur de son ombre. Pour les jeunes femmes c'est aussi
dangereux que pour
les hommes. il y a beaucoup de Boudanov" en Tchétchénie, ajoute Madina.
La famille d'Elza Koungaïeva, enlevée sous les yeux de ses frères et
soeurs puis étranglée
par le colonel russe Iouri Boudanov, actuellement jugé, est réfugiée à
Karaboulak.
"Nos enfants ont été traumatisés. Ils sont renfermés et ont du mal à
étudier. Ils ne veulent
pas rentrer en Tchétchénie", explique la mère d'Elza, malade et
visiblement épuisée.
Telle une icône, le portrait de sa fille de 18 ans a été accroché à la
toile de leur tente.
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