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Date
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Tue, 8 May 2001 20:21:55 +0200
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Subject
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globe_l: Sommet des Ameriques - Jaggi Singh libere
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Sommet des Amériques - Jaggi Singh libéré
Christian Dubois 2001-05-07
Québec (CMAQ) - L¹activiste et écrivain Jaggi Singh, arrêté par des
policiers déguisés en manifestants le 20 avril dans le cadre du
Sommet des Amériques, a obtenu aujourd¹hui sa libération moyennant
une caution de 3000$. Faisant face à des accusations de bris de
condition, de participation à une émeute et de possession d¹arme (une
catapulte lançant des toutous !), il aura attendu 17 jours sous les
verrous avant de recouvrer sa liberté.
« J¹ordonne que l¹on relâche l¹accusé », a laissé tomber le juge
Laurent Dubé à la fin de la seconde enquête sous cautionnement de
Jaggi Singh. Justifiant sa décision par le fait qu¹aucune
manifestation antimondialisation n¹est prévue dans les prochains
mois, le juge a estimé inutile pour servir l¹intérêt de la justice
que se poursuivre l¹incarcération de l'activiste.
La juge Dubé renverse ainsi la décision du 26 avril dernier de son
collègue le juge Yvon Mercier, réputé pour ses décisions arbitraires.
L¹accusé devra garder la paix d¹ici son procès prévu pour le 4 juin
et devra s¹abstenir d¹agir comme leader dans une manifestation d¹ici
là. Il a néanmoins convaincu le juge de lui laisser son droit de
manifester en invoquant la jurisprudence et la Charte canadiennes des
droits et libertés.
Au cours de l¹audience qui ressemblait à une répétition générale pour
le procès à venir, la défense, menée avec humour par M. Singh
lui-même et l¹avocat Pascal Lescarbot, s¹est appliquée à défaire
point par point les accusations de la Couronne dans le but de
démontrer l¹inutilité de garder l¹accusé plus longtemps derrière les
barreaux.
Techniquement, l¹activiste originaire de Toronto, comparaissait de
nouveau pour une enquête de cautionnement en raison de nouvelles
accusations de bris de condition relativement à des accusations
portées contre lui en octobre dernier suite à sa participation à une
manifestation contre le G20.
LA FAMEUSE CATAPULTE
Un bonne part des débats a porté sur la fameuse catapulte à animaux
en peluches que les policiers tentent d¹associer à Jaggi Singh.
Paul Smith, un paysagiste de 48 ans, résidant à Ottawa, est venu
témoigner qu¹il était un des responsables de la catapulte le jour du
20 avril. Il a confirmé que l¹accusé n¹avait aucun rapport avec la
catapulte et il a expliqué avec force de détails le fonctionnement de
l¹engin qui était conçu pour lancer des objets de petit poids, comme
des animaux en peluches ou des confettis. Il a expliqué à la cours
que l¹intention de son groupe, le bloc médiéval, était satyrique et
qu¹en aucun temps il n¹était prévu se servir de la catapulte dans un
but violent.
Par ailleurs, M. Smith a pu affirmer que le mécanisme de la catapulte
avait été altéré entre le moment ou huit policiers l¹ont saisi en
pleine rue et le moment où les forces de l¹ordre ont procédé à des
tests pour évaluer la puissance de l¹engin. Le mécanisme de
propulsion, un ressort, était absent des photos prises par les
policiers dans le hangar où croupis l¹arme de siège. Cette
affirmation a permis à la défense de remettre en cause l¹évaluation
de la puissance réelle de la catapulte dont est venu témoigner
l¹inspecteur Doris Pagé.
De plus, contrairement à la première enquête de cautionnement, les
policiers n¹affirmaient plus que la catapulte avait servi à lancer
des cocktails molotov (ce sont plutôt eux qui en ont fait l¹essai).
Guildo Allée, un enseignant à la retraite de Montréal, est venu à la
barre pour relater les déplacements et les paroles de Jaggi Singh
lors de la journée du 20 avril. Il a corroboré la version des faits
de l¹accusé qui soutient n¹avoir fait que des discours à la
population de Québec, incité les gens à rester calme et à ne pas
courir et n¹avoir en aucun moment incité à la violence. La Couronne
accuse l¹activiste d¹avoir dirigé la manifestation et d¹avoir incité
les gens à se diriger vers le périmètre de sécurité.
Un autre témoin, Hélène Vallière, étudiante en science politique à
l¹Université Laval, est venue faire de même en plus de décrire Jaggi
Singh, avec qui elle a fait une tournée de conférence sur le Sommet
de Amériques, comme « un militant très dévoué » qui a véritablement à
c¦ur la cause qu¹il défend.
LA SAGA DES CONDITIONS
À l¹origine, les policiers ont justifié l¹arrestation de Jaggi Singh
en invoquant les conditions de libération qui lui avaient été
imposées par la cour municipale de Westmount.
Le 2 mai 2000, M. Singh faisait face à un jugement de la cour
municipale de Westmount pour sa participation dans le quartier à une
manifestation contre la pauvreté. Lors de la première enquête de
cautionnement, le juge Mercier a refusé la version de faits de
l¹accusé qui soutenait que ces conditions ne s¹appliquaient qu¹à
Westmount. Le juge a considéré que Jaggi Singh n'avait pas respecté
les conditions d'engagement qui lui avaient été spécifiées par le
tribunal, soit de ne pas participer à une manifestation sur un
terrain privé sans le consentement du propriétaire et en lieu public
de ne participer qu'à des manifestations légales et pacifiques, avec
la promesse de quitter toute manifestation en cas d'éventuels
débordements violents. Il est à noter que lors de son arrestation
Jaggi Singh se trouvait dans une zone paisible sur la rue Saint-Jean
avec un ami.
Lors de son témoignage du 26 avril, Jaggi Singh avait pourtant
précisé qu'il avait parlé, la veille, avec le procureur de la
couronne de Westmount, John Donovan, qui lui aurait certifié que les
conditions du tribunal ne s'appliquaient qu'à Westmount. Selon M.
Singh, le juge Ham à l'époque lui avait aussi certifié que son
jugement ne s'appliquait qu'à Westmount.
Ces affirmations ont été confirmées par la suite par le procureur
Donovan. Vendredi dernier, la cours municipale de Westmount a même
laissé tomber les procédures contre M. Singh dans cette affaire.
Au cours de l¹audience du 7 mai, la Défense a reproché amèrement à la
Couronne de n¹avoir fait aucun effort à l¹époque pour contacter le
procureur Donovan de Westmount, ce qui aurait évité à Jaggi Singh son
long séjour en prison. Ce dernier a même affirmé sous serment que le
procureur Donovan lui avait confié, pour justifier l¹arrêt des
procédures, trouver « bizarre » ce que fait son collègue Letendre à
Québec pour le garder en prison.
Au cours de son témoignage, Jaggi Singh a dénoncé au juge le cercle
vicieux engendré par les conditions de libération qui permettent aux
forces de l¹ordre d¹arrêter arbitrairement des manifestants, de leur
faire imposer de nouvelles conditions qui leur permettent ensuite de
trouver un prétexte facile pour les arrêter à nouveau.
Dans son plaidoyer final, maître Lescarbot s¹est insurgé contre les
pratiques de la Couronne dans toute l¹affaire et a accusé les forces
de l¹ordre de mentir à la cour pour arriver à leurs fins.
Bref, le procès prévu pour le 4 juin promet d¹être des plus
intéressants puisqu¹il permettra de faire la part des choses entre
les affirmations des forces de l¹ordre et celles de la défense, de
déterminer qui ment et qui dit vrai dans toute cette histoire.
Lien Internet suggéré:
http://www.cmaq.net/viewarticle.ch2?articleid=1519&language=french
Article sur la première enquête de cautionnement.
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