|
From
|
Wash <wash@ecn.org>
|
|
Date
|
Wed, 16 May 2001 16:38:17 +0200
|
|
Subject
|
globe_l: Yougoslavie : région couleur désespoir
|
Monitor
11 mai 2001
(Traduit par Jasna Tatar)
Une région couleur désespoir
Quel est le lien entre les incidents nationalistes à Trebinje et à Banja
Luka, le chaos de la guerre en Macédoine, et le soutien international
aux
forces qui souhaitent une « Yougoslavie unifiée sans alternative » et «
le
pouvoir de la majorité orthodoxe » au Monténégro ?
Par Drasko Djuranovic
Les ministres de l'Union européenne [UE], réunis en Suède, ont émis la
remarque suivante : « En dépit d'une détérioration ponctuelle de la
stabilité en Macédoine, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, nous pensons
que
le futur des Balkans, d'un point de vue global, n'a rien de
catastrophique. » Les ministres européens affirment que le problème
consiste
en de petits détails qui entachent un avenir qui s'annonce radieux.
Cette
vision des choses est-elle exacte ?
Image n° 1 : Skopje (Macédoine), dimanche 6 mai 2001.
Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne demandent au
gouvernement de Skopje de ne pas répondre aux provocations des
extrémistes
albanais et de ne pas leur déclarer la guerre. Après la mort de huit
militaires macédoniens et de violents affrontements ethniques à Bitola,
la
Macédoine se trouve aux portes d'un conflit. Cependant, les chefs de
diplomatie des quinze ont recommandé, lors d'une réunion informelle, que
«
les dirigeants en Macédoine résolvent l'ensemble des problèmes par le
dialogue et par la formation d'une coalition multiethnique qui
contribuera à
créer une nouvelle stabilité politique. »
En retour, les ministres européens ont promis à la Macédoine une
prochaine
intégration dans l'UE, à condition qu’elle s'abstienne de toute démarche
extrémiste. Le pays devra former un gouvernement de coalition qui
représente
l'ensemble des groupes ethniques. Un gouvernement multiethnique serait
la
seule voie pour maintenir la paix en Macédoine.
Image n° 2 : Trebinje ( Bosnie-Herzégovine), samedi 5 mai 2001.
« Tue, tue ! », « Egorge, l'eau est sur le point de bouillir ! », « Un
jour
au l’autre, on égorgera au moins 300 musulmans ! »…
Telles étaient les paroles avec lesquelles les habitants serbes de
Trebinje
ont accueilli la délégation bosniaque et les représentants de la
communauté
religieuse musulmane. Ces derniers étaient venus dans la ville pour
assister
à la pose de la pierre angulaire qui devait inaugurer la reconstruction
de
la mosquée d'Osman Pasha. Elle avait été détruite pendant la guerre
lorsque
Bozidar Vucurevic, nationaliste serbe, était maire de Trebinje. Tous les
musulmans de la région ont été poursuivis et ils ne peuvent toujours pas
rentrer, bien que huit ans se soient écoulés depuis les faits. Il en est
de
même pour les étrangers qui ont pour mission de maintenir la paix en
Bosnie-Herzégovine [BH] : l'Espagnol Daniel Ruiz, représentant de la
communauté internationale, a été molesté. Une bombe a explosé devant la
porte d'Ismet Capic, président de la communauté islamique de Trebinje. «
Ces
incidents n’étaient pas provoqués par des fidèles mais par une minorité
qui
ne croit pas en Dieu » a déclaré Husein Hodzic, imam de Trebinje.
Image n° 3 : Banja Luka ( Bosnie-Herzégovine), lundi 7 mai 2001.
« On est en Serbie ! », « Tuez le Turc ! »…
Plusieurs milliers de personnes manifestent afin d'empêcher la pose de
la
pierre angulaire pour la reconstruction de la mosquée de Ferhad Pasha,
la
fameuse « Ferhadija », détruite le 7 mai 1993 par l'armée de la
Republica
Srpska qui poursuivait les Musulmans.
Les pierres, les bouteilles et les œufs survolent le cordon de police
qui
fait tout son possible pour ne pas répliquer. Huit autocars, quatre
minibus
et une voiture diplomatique sont démolis dans la manifestation.
Plusieurs
civils et policiers sont blessés, une pierre frappe Zlatko Lagumdzija,
ministres des affaires étrangères de la fédération bosniaque. Le drapeau
islamique ait enlevé de Mesihat, brûlé et remplacé par le drapeau serbe…
Un journaliste de « Reuters » affirme avoir vu une trentaine de chars de
combat de la SFOR à 150 mètres du théâtre des incidents. Le porte-parole
de
la SFOR a communiqué que la régulation des violences n'était pas de son
ressort. Le représentant de la communauté internationale pour la BH,
Wolfgang Petritsch, a déclaré : « Les autorités sont responsables de la
gravité de la situation. »
Qui sont les autorités en Bosnie, la SFOR ou ceux qui ont détruit la «
Ferhadija » en 1993 ?
Image n° 4 : Belgrade (République fédérale de Yougoslavie, RFY), jeudi 3
mai
2001.
Après deux ans de mystère, un plongeur professionnel de Kladovo
(frontière
roumaine), Zivadin Djordjevic, a découvert, le 6 avril 1999, dans le
Danube
près du village de Tekija, un camion frigorifique rempli de cadavres
albanais. On ne connaît pas le nombre exact de victimes. On suppose
qu'elles
étaient une quarantaine parce qu'à l'époque, la police avait « repris
l'affaire en main. »
« Stevanovic, chef du service criminel m'a précisé que la chambre
frigorifique était remplie de cadavres et que le numéro du moteur et du
châssis indiquaient que le camion était venu du Kosovo. Il n'y avait pas
de
plaques d'immatriculation. Stevanovic me demandait ce qu'il pouvait
faire.
Je lui ai suggéré de surveiller les pièces à conviction et d'informer
Krsta
Majstorovic, procureur régional de Négotin à l'époque, pour examiner le
cas
sur place. Le lendemain, lorsqu'il a fallu se rendre sur les lieux du
drame,
Majstorovic a précisé qu’il n'y aurait pas d'enquête car rien ne s'était
passé. » Nous tenons cette information du procureur actuel, Miroslav
Srzentic, qui a été informé de la découverte le 6 avril vers 19 h.
Le ministère public, habilité à ouvrir une enquête à ce sujet, ne s'est
toujours pas prononcé.
Image n° 5 : Belgrade, lundi 7 mai 2001
La Chambre des citoyens du parlement fédéral a décidé, à la majorité des
votes exprimés, d'abolir l’immunité de deux députés du SPS : Nikola
Sainovic
et Jovan Zebic. Cette abolition a été demandée par le service
d'investigation du tribunal régional de Belgrade. Les deux députés sont
mis
en cause pour des malversations financières en collusion avec l'ancien
président Slobodan Milosevic et l'ex-directeur des douanes Mihalj
Kertes.
D'après l'acte d'accusation, la caisse fédérale a fait l'objet d'un
détournement de 1,8 milliards de dinars et environ 200 millions de
marks.
Les représentants du DOS se sont prononcés pour l'abolition de
l'immunité
parlementaire de Sainovic et de Zebic. Les représentants du SPS (le
parti de
Milosevic), de la JUL (la formation de Mme Markovic) et du SPS (Parti
Radical Serbe) ont voté contre. Le député SNP (Parti Socialiste
Populaire),
Mijusko Bajagic, maire de Pluzine (Montenegro), s'est abstenu. A la
question
concernant la culpabilité des anciens hauts fonctionnaires fédéraux, il
a
brièvement répondu : « C'est l'affaire de la Serbie, pas celle du
Monténégro. »
La coalition du DOS et du SNP, anciens opposants politiques (puisque le
SNP
soutenait Milosevic) et partenaires actuels au niveau fédéral, est
toujours
d'actualité.
Image n° 6 : Podgorica (Monténégro), mardi 1er mai 2001.
William Montgomery, ambassadeur des Etats-Unis à Belgrade, est apparu
aux
côtés de Predrag Bulatovic, chef du SNP, lors d'une conférence de
presse. Il
a déclaré que l'objectif de sa visite à Podgorica était de rencontrer
les
dirigeants des formations politiques les plus influentes et d'entendre
leurs
propositions pour résorber la crise. Il s'est déclaré satisfait du
caractère
démocratique des élections et a ajouté : « L’attitude des Etats-Unis
reste
la même. Nous souhaitons un Monténégro démocratique dans une Yougoslavie
démocratique. Nous voudrions souligner que c'est le moment idéal pour
entamer des discussions au Monténégro. »
Ces « consultations » n'auraient-elles qu'un seul but : maintenir
l'unité de
la Yougoslavie ?
Le fonctionnaire américain n'a pas dit un traître mot sur les messages
et
discours malfaisants prononcés, pendant la campagne électorale, par la
coalition à laquelle appartient son interlocuteur du SNP.
Le cadre de la crise.
Quel est le lien entre les incidents nationalistes à Trebinje et à Banja
Luka, le chaos de guerre en Macédoine, et le soutien international aux
forces qui souhaitent une « Yougoslavie unifiée sans alternative » et «
le
pouvoir de la majorité orthodoxe » au Monténégro ?
Comparée à la tempête nationaliste qui souffle sur l'ensemble de la
région,
l'actualité politique monténégrine ressemble à une légère brise. Il est
recommandé à la Macédoine de former un gouvernement multiethnique. Pour
la
Bosnie-Herzégovine, il faut installer les autorités compétentes dans
chacune
des trois entités, et pour la Serbie, oublier ses vieux démons
nationalistes
et coopérer avec le TPI.
*Une représentation politique multiethnique existe au Monténégro, du
moins
sous une forme embryonnaire.
*Podgorica a un gouvernement multiethnique depuis trois ans.
*Les Monténégrins reconnaissent les autorités locales élues lors des
élections.
*Le pays coopère de façon manifeste avec le TPI.
*Le prochain gouvernement de coalition, le premier véritable
gouvernement
pluraliste au Monténégro, abolira le monopole du parti unique.
Cependant, ces trois derniers mois, la communauté internationale était
préoccupée par les événements survenus dans le pays. Elle ne voyait
qu'une
seule solution au problème : « un Monténégro démocratique dans une
Yougoslavie démocratique. » C'est un soutien direct à la « Coalition
pour la
Yougoslavie », groupe politique qui, en réalité, souhaite un Etat
national
uni à l'Eglise orthodoxe serbe.
Pour le Monténégro, cela signifie le maintien du « statu quo » à tout
prix,
ce qui va encore augmenter les tensions. La majorité (jugée insuffisante
par
la communauté internationale) qui s'est exprimée en faveur d'un
Monténégro
indépendant connaîtra la frustration de ne pas réaliser ses desseins. La
minorité, supportée par Belgrade et regardée comme respectable par les
Occidentaux, s'agitera fiévreusement. Cela conduira à une situation
tendue
et incertaine.
(Mise en forme : Stéphan Pellet)
___________________________________________________________
© Tous droits réservés 2001 Le Courrier des Balkans
(http://www.bok.net/balkans)
-La presse indépendante des Balkans en français-
(Le Courrier des Balkans n'est pas responsable des opinions formulées
par
les auteurs des textes traduits)
Pour nous écrire : cdb@bok.net
Pour gérer votre abonnement :
http://balkans.eu.org/mailman/listinfo/courrier-balkans
_______________________________________________
Courrier-Balkans mailing list
Courrier-Balkans@balkans.eu.org
http://balkans.eu.org/mailman/listinfo/courrier-balkans
-
-
G L O B E
- - - - - - - - - - - -
s a m i z d a t . n e t
european counter network
bureaucratie : bureaucratie@samizdat.net
messages sur la liste : globe_l@ecn.org
archives web : http://www.ecn.org/lists/globe_l
envois restreints aux abonnes
http://www.samizdat.net/infos