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From acratik@club-internet.fr
Date Tue, 22 May 2001 01:21:39 +0200
Subject globe_l: Algérie, le dessous des cartes ...

Texte extrait du Combat Syndicaliste (de Toulouse) - BC Pau CNT-AIT
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ALGERIE , UNE POPULATION MARTYRISEE :
LES DESSOUS DES CARTES


Voilà presque dix ans maintenant que l'Algérie est
en guerre. Le nombre de morts donné par les
institutions officielles est de 150.000 et plus de
20 000 disparitions. Un décompte macabre pour l'an
2000 montre à qui l'on s'en prend dans ce terrible
conflit : parmi les 9006 victimes de cette année
recensées, on compte 1025 "terroristes", 603
militaires, et 117 membres des groupes
d'autodéfense, tout le reste c'est-à-dire plus des
trois quarts sont des civils, des villageois
surtout !

Morts par balle et morts de faim !

 Drôle de guérilla qui est sensée s'attaquer à la
classe dominante et qui tue tant de civils. Dix
ans de guerre pour le pouvoir entre clans et 1800
morts par mois !  Dix ans de guerre que ni le
gouvernement ni l'opposition  (islamistes,
nouvelle bourgeoisie naissante pseudo
intello-progressiste et/ou régionaliste) ne
semblent vouloir arrêter tant que l'appropriation
des biens, de tous les biens, par une clique ou
par un autre ne sera pas réalisée. J'ai dit
opposition ? Quelle opposition, il n'y a pas
d'opposition puisque tous se battent pour le
pouvoir, puisque tous rêvent d'être khalife à la
place du khalife. Et tous sont prêts à nous
sacrifier, à boire notre sang jusqu'à la dernière
goutte s'il le faut pour y accéder. Voilà
pourquoi, dix ans de guerre. et la liste des morts
ne finira pas de s'allonger. Les morts, ce sont
des algérois, des oranais, des jijilien, des
timimouniens, des chaouis, des mouzabites ou. des
kabyles, peu importe, ils ont tous au moins un
point en commun : des exploités. Il y a ceux qui
meurent à coup de balles, à coup de bombes ou à
coup de sabre. Il y a ceux de plus en plus
nombreux qui meurent à coup de faim et de misère
absolue. Des dizaines de familles entières se sont
suicidées collectivement cette année tant était
immense leur désespoir et le délabrement de leurs
conditions de vie (on s'enferme dans la maison et
on ouvre le gaz). Mais que se cache derrière ces
crimes ?

 A la fin des années 80 l'effondrement de
l'économie algérienne est à son comble. Une brèche
est alors ouverte pour amorcer le plan de
restructuration recommandé par le F.M.I. et la
banque mondiale sensée redresser cette économie
défaillante mais qui n'est en fait qu'un cheval de
Troie pour libéraliser le marché et asseoir les
lois de la mondialisation et du capitalisme. Les
usines et les établissements publics sont en
ébullition du fait de la suppression des maigres
avantages sociaux. L'explosion a finalement lieu
le 5 octobre 1988 : la population descend dans la
rue pour exprimer son ras le bol détruisant tous
les symboles de l'État et du F.L.N.. Ils réclament
la justice, la démission du président Chadli et la
fin de la hogra*. Cela se termine dans un bain de
sang. On fait sortir les chiens de gardes de leurs
casernes qui tirent sans aucun état d'âme sur la
foule : entre 500 et 1500 morts, plusieurs
centaines de personnes torturées dans les
commissariats et des dizaines de disparues.
C'était pour les médias occidentaux et le pouvoir
en place un chahut de gamins !
En attendant, la pression pour les réformes
économiques se fait de plus en plus grande.
L'Occident via le F.M.I. se montre très prévenant
envers la sphère dominante : octroi de crédits,
rééchelonnement de la dette extérieure (30
milliards de dollars) que l'Algérie ne pouvait
plus payer depuis 1991, investissement de
plusieurs milliards dans les secteurs stratégiques
de la prospection et de l'extraction de gaz
naturel... Il faut dire que les  gouvernants
algériens leur rendaient bien : Ils s'avèrent
d'excellents exécutants des programmes
d'ajustement structurel imposés par le F.M.I..

 Grâce à cette guerre, et pendant que les médias
se penchent sur "la complexité du problème" et
nous "expliquent" qui tue,  ces fameuses réformes
économiques passent comme une lettre à la poste et
détériorent chaque jour un peu plus les conditions
sociales de la population. Plus de 300 000 emplois
ont été supprimés entre 1998 et 1999 et des
centaines de milliers d'autres ne reçoivent leurs
salaires de misère que de façon irrégulière (entre
1 et 14 mois). Le taux de chômage a atteint 40%.
Les subventions de l'État, (lorsqu'elles n'ont pas
été carrément supprimées) ont été réduites de
façon massive et le Dinar en constante dévaluation
ont entraîné une hausse des prix et une chute du
niveau de vie jamais égalée. La viande est devenue
un produit de luxe et l'achat des médicaments est
de plus en plus problématique. Même le pain qui
est l'aliment de base des algériens a atteint des
prix faramineux. Des milliers de familles ne
peuvent plus envoyer leurs enfants à l'école et
des maladies autrefois éradiquées comme le
paludisme et le typhus apparaissent à nouveau.

Malgres la terreur,
des luttes sociales

Des branches entières de l'économie ont été
complètement démantelées. Seuls les secteurs de la
production de pétrole et de gaz naturel restent
rentables. Cependant, 70% de ces rentes servent à
rembourser... les intérêts de la dette extérieure.
Dans tous les secteurs, les fermetures
d'entreprises sont monnaie courante. Au nom de
l'économie mondiale et du libéralisme, on
privatise et on rationalise à tout va. Malgré ce
climat de terreur, toutes ces réformes ne sont pas
acceptées sans protestations. Des grèves
fleurissent dans bon nombre d'entreprises. En 1996
et pour le seul secteur du bâtiment on comptait
environ 200 grèves, mais elles ont été étouffées
et occultées.

 Enfin, voilà un exemple qui montre bien le
cynisme avec lequel agissent les gouvernants
algériens et occidentaux, et qui met en lumière
tout ce qui peut se cacher derrière une guerre.
Les tueries ont pratiquement toutes lieu dans la
plaine de la  Mitidja.(surnommé le triangle de la
mort). Une des conséquences de cette tactique de
la  terreur, c'est que les survivants quittent
leurs villages et leurs champs. Grâce à ce
dépeuplement massif et radical, des terres se
libèrent, ces terres qui sont aujourd'hui
propriété publique doivent se privatiser comme
tout le reste sur ordre du F.M.I. Cet état de
délabrement total des conditions de vie constitue
un véritable terreau pour la propagation de tous
les nationalismes (religieux,
linguistico-culturel...) et ne sert finalement
qu'à diviser les exploités  pour mieux les
asservir.

 Finalement tout le monde trouve son compte dans
cette histoire. Le régime en  place, qui ne veut
qu'une chose : perdurer et se remplir les poches.
L'occident qui se lèche les babines devant ce
nouveau comptoir commercial, et toute l'opposition
qui n'est rien d'autre que la bourgeoisie
naissante et qui grâce au multipartisme se
retrouve dans le gouvernement et participe enfin à
ce pillage. Oui tous y trouvent leur compte sauf
la population  qu'elle soit du nord de l'Algérie,
du sud, de l'Est ou de l'Ouest, elle continue
chaque jour un peu plus à être saignée à blanc à
agoniser à mourir à petit feu. Quelle "formidable"
diversion que la guerre !
 Derrière cette guerre, qui s’habille de
démocratie, d’islamisme ou de nationalisme  se
cache un long et cynique saignement de l’Algérie.
Et cela, les médias prennent soin de ne jamais en
parler. Les enjeux de cette guerre que l'on se
garde bien de dénoncer c'est les enjeux de
l'argent, du pouvoir, du profit, de l'exploitation
et du pillage. C'est en un mot les enjeux du
CAPITALISME.

AICHA


* un mélange de mépris et d'abus de pouvoir


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