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From
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alfas@free.fr
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Date
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Thu, 24 May 2001 15:57:25 +0200
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Subject
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globe_l: soutien à Werner Brauner
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----- Original Message -----
From: AC! - Secrétariat des collectifs <avron@ras.eu.org>
To: Liste AC-Info <ac-info@ras.eu.org>
Sent: Wednesday, May 23, 2001 6:34 PM
Subject: [ac-info] soutien à Werner Brauner
> ---
> ac-info
> ----------
>
>
>
>
>
> Chers amis, chers camarades,
>
> Werner Braeuner, chômeur de la région de Brême (Allemagne), a tué en
février
> dernier le directeur de son ANPE. Il est depuis en prison, en attendant
son
> procès.
> Nous - quelques amis ou correspondants de Werner, quelques membres de
> comités de chômeurs et précaires en France - aimerions l'aider. Nous
croyons
> comprendre son geste, car les problèmes auxquels il a été confronté ne
sont
> pas bien différents de ce que nous vivons, nous ou nos proches.
> Nous savons qu'il n'est pas facile d'organiser un soutien dans ce
contexte,
> car toute action ou prise de position intempestive pourrait lui porter
> préjudice.
> C'est pourquoi nous avons choisi de rédiger un texte clair, donnant des
> informations simples, sur les circonstances concrètes du meurtre,
> l'enchaînement de circonstances qui a pu l'y pousser (ses difficultés
> matérielles, son état de fragilité psychologique, les problèmes personnels
> qui ont accentué son désespoir), mais aussi sur ce que nous savons de lui,
> de son activité militante, de ses convictions. Nous avons en outre jugé
> nécessaire d'expliquer le contexte social de cet acte, à savoir
l'évolution
> du traitement réservé aux chômeurs en Allemagne et plus généralement en
> Europe.
> En conclusion, nous plaidons pour que l'on ne réagisse pas face à cet acte
> individuel en termes de réprobation morale, mais que l'on se rende compte
> que c'est le caractère de plus en plus impitoyable et autoritaire du
> traitement que la société réserve à ceux qu'elle marginalise qui engendre
ce
> genre d'acte irraisonné. Que c'est là un problème collectif et que la
> répression - une répression que vont inévitablement réclamer les tenants
de
> l'ordre, en s'attachant à réduire cet acte à sa dimension individuelle -
ne
> changera rien aux raisons qui l'ont produit. Seul un changement social
> radical peut éviter la multiplication de ce genre d'actes individuels
> désespérés.
>
> Nous vous invitons à faire circuler ce texte autour de vous, à le publier,
à
> vous y associer publiquement et à écrire vos propres réflexions, pour que
le
> silence ne retombe sur cette histoire comme les portes de la prison sur la
> vie de Werner.
> Ainsi pourra se constituer une base de soutien et le début d'une campagne
au
> niveau européen qui prépare l'opinion publique en vue du procès, qui
devrait
> débuter les 2 et 3 août prochains.
>
> Les amis de Werner Braeuner en France
>
> **********************************************************
>
> C'est cette logique sociale qui est criminelle !
>
>
>
> Le matin du 6 février Werner Braeuner, chômeur vivant à Verden, dans la
> région de Brême (RFA), a tué M. Klaus Herzberg, responsable de
l'Arbeitsamt
> (l'équivalent allemand de l'ANPE) local, qui avait supprimé ses
allocations,
> son unique source de survie. Puis il est allé se rendre à la police.
>
>
> Qui est Werner Braeuner ?
>
> Werner est ingénieur, et depuis huit ans il est au chômage.
> Il militait pour le réduction du temps de travail, pour un revenu garanti,
> pour une société d'individus libres, non abrutis par le travail. Il lui
> arrivait fréquemment de traduire des textes venus de France pour les
> associations de chômeurs allemandes.
> Il était connu en France dans le milieu des militants contre le chômage
pour
> ses interventions dans la liste AC Forum, pour son sens de l'humour, son
> ironie et sa bonté, le sentiment de révolte qui l'animait et son français
> très imagé.
> Il n'a jamais rien fait pour se rendre sympathique à la gauche
> gouvernementale. Ses prises de position, critiques des accointances des
> Verts allemands avec le lobby pétrolier et du productivisme
> social-démocrate, expliquent suffisamment le silence qui entoure son cas.
> Ses idées étaient discutables, et bien souvent discutées dans le mouvement
> des chômeurs, mais poussaient à la réflexion et ne laissaient personne
> indifférent.
>
> La presse a rapporté l'affaire en adoptant d'emblée l'hypothèse de la
> préméditation. Le journal local et le Bild (flambeau de la presse-poubelle
> allemande), notamment, trop contents d'avoir affaire à quelqu'un qu'ils
> pouvaient présenter comme un extrémiste, un symbole du combat
> anticapitaliste, se sont empressés de lui attribuer l'intention d'empêcher
> la conférence de presse sur les chiffres du chômage qui devait avoir lieu
le
> jour même à l'Arbeitsamt local. Ainsi le procureur n'aura-t-il plus qu'à
> suivre cette voie toute tracée pour construire son réquisitoire ! Or
nombre
> des détails fournis sont totalement fantaisistes, notamment le prétendu
> rapport d'amitié qui liait Werner au propriétaire de la chambre qu'il
louait
> dans une ancienne ferme et aux yeux duquel Werner passait beaucoup de
temps
> devant son ordinateur - à nous d'ajouter : à discuter avec ses amis aux
> quatre coins de l'Europe - mais ne cherchait pas de travail. Evidemment,
ces
> journaux se gardent bien d'informer leurs lecteurs de l'existence en
> Allemagne de 76 000 ingénieurs au chômage, dont la plupart de la
génération
> de Werner, et de leur expliquer pour quelle raison ceux-ci devraient
> consacrer l'essentiel de leur vie à la recherche désespérée et
désespérante
> d'un boulot inexistant.
> .
>
> Le contexte, les raisons
>
> Werner a vécu ces dernières années une situation particulièrement dure,
qui
> l'a fragilisé. Les difficultés matérielles, le manque d'espace dans son
> ancien logement et les tensions qui s'accumulaient l'ont contraint à une
> séparation forcée d'avec sa compagne. Quelques mois avant la naissance de
> leur fille, il a dû chercher une chambre dans un village voisin.
> En juillet, il sollicite un stage de formation, qu'on lui accorde. Cinq
mois
> après, soit fin novembre, démoralisé par le fait de ne rien y faire la
> moitié du temps, il décide de le quitter après avoir écrit - et rendu
> publiques - deux lettres où il explique ses raisons à M. Herzberg, de la
> décision duquel dépend le maintien de ses allocations. Mais M. Herzberg a
> reçu des consignes, et semble convaincu de leur bien-fondé, puisqu'il ne
> tient pas compte des arguments de Werner et affiche sa volonté de le
radier
> lorsque celui-ci le rencontre à l'Arbeitsamt.
> Embourbé dans une situation psychologique qui s'aggrave, souffrant de
> violentes douleurs du dos, accablé par les tracasseries administratives,
> Werner est de surcroît menacé de radiation à la mi-janvier. Début février,
> il reçoit la notification qui le prive de ses allocations. Il est alors
> tenté par l'idée du suicide, comme bon nombre de chômeurs dans pareilles
> circonstances. Mais il réagit, et le matin du 6 février, il va à la
> rencontre de M. Herzberg, l'homme qui, dans sa vie concrète, incarne ce
> système inhumain. C'est alors que, submergé par le sentiment de
l'injustice
> subie, incapable de se maîtriser, il le frappe à mort.
> Il s'est révolté contre une machine, mais il a tué un homme.
> Encore sous le choc de son acte, il se rend à la police, et plus tard fait
> sa déposition devant le juge. Il est alors incarcéré, et, pendant deux
mois
> et demi, partage une cellule de 7,5 m2 avec un codétenu. C'est peu à peu
> qu'il réalise, horrifié, le désastre qu'il a provoqué : la mort d'un
homme,
> la douleur de la famille Herzberg et de la sienne, le malheur qui s'abat
sur
> sa femme et son enfant.
>
>
> Pourquoi il faut le défendre
>
> L'histoire de Werner ressemble à beaucoup d'histoires de chômeurs de
longue
> durée. Avec la perte du travail, ce sont les conditions matérielles de vie
> qui se détériorent, le recours à des solutions provisoires qui s'impose et
> qui dure, les relations intimes qui se tendent puis se défont. La société
> vous a mis au rebut, à vous de résister comme vous le pouvez au sentiment
de
> déchéance et d'inutilité - Werner avait choisi l'action militante et la
> réflexion collective pour y faire face, choix que beaucoup de chômeurs
> français comprennent trop bien. Mais aujourd'hui, les gouvernants de
> plusieurs pays d'Europe prétendent de surcroît vous faire porter la
> responsabilité de votre situation de chômeur, en vous imposant des
solutions
> de "sortie" du chômage qui sont souvent pires que les solutions de survie
> avec lesquelles, bon an mal an, vous avez pu parfois retrouver un
équilibre
> minimal : des boulots trop précaires et trop mal payés pour vous permettre
> de vous reloger décemment et de refaire votre vie, des formations plus ou
> moins bidon qui vous enfoncent dans le sentiment de non-sens et
d'inutilité,
> sans vous garantir rien au bout. C'est cette logique qui s'impose au nom
de
> la "lutte contre le chômage" en France, à travers les radiations massives
et
> des mesures comme le PARE, c'est cette même logique qui s'impose en
> Allemagne, où le gouvernement n'a actuellement rien d'autre à proposer,
pour
> régler le problème du chômage comme il s'y était engagé au moment des
> élections, que d'augmenter le contrôle et la répression sur les chômeurs,
> sans rien résoudre sur le fond.
> Comment s'étonner dans ce contexte, et en l'absence de perspective capable
> d'offrir un débouché à la révolte par l'action collective, que des
individus
> "pètent les plombs" en s'attaquant directement à ceux qui se font les
agents
> les plus immédiats de cette politique ? Aux Etats-Unis, la multiplication
de
> ce genre de gestes est telle qu'elle commence à devenir un phénomène
social.
> Celui va-t-il gagner les pays d'Europe qui choisissent de masquer les
> problèmes que crée une polarisation sociale croissante en augmentant les
> contraintes sur les plus pauvres, les poussant à l'exaspération et au
> désespoir ?
> La violence de cet acte peut rebuter, mais elle est une réaction directe
à
> la violence subie et au sentiment d'impuissance. Werner est le thermomètre
d
> 'une tension qui monte. Malheureusement, la justice risque de tout faire
> pour éviter que la dimension sociale de cet acte soit mise en avant. A
nous
> de faire en sorte que l'on ne puisse traiter en simples cas judiciaires
les
> actes de ce genre, et de montrer que c'est la logique sociale qui pousse
des
> hommes comme Werner au désespoir qui est criminelle.
>
> Werner a déjà payé pendant huit longues années de chômage et de
> marginalisation qui ont précédé son geste. Il serait donc d'autant plus
> injuste que l'on exerce contre lui une forme de "vengeance" qui, de
> surcroît, ne rendra pas la vie à M. Herzberg.
> Le geste de Werner nous interpelle tous - chômeurs, salariés, exploités,
et
> tous ceux pour qui l'existence dans une société riche de la misère liée au
> chômage reste et restera toujours un scandale.
> Ne le laissons pas tomber !
>
> Signatures de soutien : AC! ....
>
>
>
>
>
> Vous pouvez aussi :
>
> - Lui écrire à l'adresse suivante : Werner Braeuner, JVA Verden,
> Stifthofstr.10, 27283 Verden. Allemagne
>
> - Le soutenir financièrement : Kreissparkasse de Achim , BLZ :
N°29152670,
> compte N° 100680) en précisant "Werner Braeuner" . Ce compte est chez l'
> avocat.
>
> - Nous contacter à l'adresse électronique suivante :
> wbraeuner.support@free.fr
>
> - Manifester votre soutien en écrivant
> à son avocat : Michael BRENNECKE, 63 Obernstrasse, D-28832 Achim
> --
> AC! (agir ensemble contre le chômage)
> 42, rue d'Avron, 75020 Paris
> Tel : 01 43 73 36 57 - Fax : 01 43 73 00 03 - e-mail : ac@ras.eu.org
>
>
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